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« Il faut avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse »

Friedrich Wilhelm Nietzsch

La source de ma démarche artistique est un profond désir de vie qui prend acte dans une esthétique sensible et rend visible quotidiennement le temps qui me traverse pour faire oeuvre humaine. Créer est une force impérieuse et vitale qui m’anime. Je travaille à partir de ce qui est là, comme outils et comme état , aussi bien sur la toile qu’en vidéo. Au delà du réel, transformer un hasard de la tâche et du trait en intentionnalité, du simple fait de se laisser aller à cet état proche du rêve, un peu flottant où les formes s’agencent d’elles-mêmes, où la main et l’oeil ne font que révéler la rencontre d’un objet et d’une perception qui prennent formes humaines «Mots, corps, regards, visages». La beauté de l’oeuvre réside dans la vérité de ces apprêts humains, faits d’ombre et de lumière et dont la dialectique graphique interpelle l’imaginaire du spectateur dans un dialogue pictural. Ma peinture est empreinte d’êtres humains et de voyages qui ont fait de moi un globe painter visitant les capitales:Jérusalem, New York où j'ai un atelier,Ho Chi Minh Ville, Hiroshima, Cotonou , Montréal, San Francisco, Guangzhou (Canton) où plusieurs de mes oeuvres sont présentes dans deux grands Musées.. . Ce chemin est celui que je trace comme une formulation possible de mon désir, quand vivre et peindre sont devenus l’unique et impérieuse manière d’être. La littérature est présente dans mon oeuvre car j'ai toujours pensé qu'une phrase pouvait nous sauver. D'une tâche sur la toile un univers de possible surgit, et de là une histoire qui m'échappe se construit de manière éclatée.Des visages dessinent des paysages allusifs, des phrases jetées en pâture sur la toile donnent une trame...un monde apparaît devant moi … il ne me reste plus qu'à saisir ce qui s'offre à moi, le regardeur finira le tableau. René Char disait: «Un poète ne devrait laisser que des traces de son passage, et non des preuves, seules les traces font rêver.»

A Guangzhou, où tout s'échange, il n'y a rien à voir. Rien ne digresse de vivre. D'y survivre. Au cœur du Delta de l'usine du monde qui se « mondifie », la ville, qui fut rétive, est vitalement virale. Tout en elle « contigüement » lace, imbrique, juxtapose, multiplie - le processus contamine. Nos phrases s'y défont des noms qui les tiennent et filent dans un présent propulsif. Rarement la tradition de la destruction aura poussé la destruction de la tradition dans un tel commerce d'énergie,. Tout est chantier dans le chantier qui, sans désemplir, s'emplit et se vide. Parfois d'étonnantes douceurs, en creux. Au terme d'un trajet qui l'a mené de New-York, à Jérusalem, Montréal, Ho Chi Minh Ville, jusque dans les métropoles d'Afrique, il était inévitable que Gilles Rieu ne fasse l'expérience de Guangzhou telle quelle —non pas objet mais zone d'une urgence qui engage physiquement et mentalement, comme l'acte de peindre. Avant de peindre, il y a le corps ville dans la ville; et plus avant il y a peindre, sans avant. Ce corps projectile est le dernier obstacle aux déréalisations de toutes sortes, financières, numériques, et sociales. Il bégaie avec le monde, il est l'ouvrier, le chantier et la matière du chantier : le travail de mémoire se confond ici avec l’exacerbation présente de la mémoire de vivre dans survivre. Et selon une dynamique similaire à celle de Guangzhou, qui prolifère par ajouts, « réfluences », couches et imbrications immédiates, chaque toile, sur un même plan d'immanence, se fait à travers un palimpseste projectif. Plus de refuge: sous virulence post-urbaine, les lèvres seraient même ici plus douteusement roses qu'ailleurs, des figures se calcinent. Signes, écrits, chair, choses et matériaux se mêlent dans un même processus, à la déjetée. La non intentionnalité du geste se trouve en phase avec l'intensité urbaine. Le peintre est en état de Chine à Guangzhou. Et c'est alors surgissement de mémoire, mouvement et non plus œuvre de mémoire, lorsqu'une même énergie court sous ce qui dans un geste unique s'écrit et se peint.

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